Résumé :
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La problématique « gender and trade unions » existe depuis plus de vingt ans dans le champ des relations industrielles anglaises ou américaines, alors qu'en France, ce thème est resté relativement en friche après quelques travaux pionniers dans les années 1970 (Maruani, Rogerat, Kergoat), à part quelques exceptions (Silvera, Trat). Le renouveau de l'intérêt pour les conflits de travail en sociologie du travail et en sciences politiques, a permis récemment de re-découvrir des grèves de femmes ou d'éclairer la place des femmes dans les mobilisations de travailleurs précaires (cf. Puech, Avril, Benquet, Giraud, Bory-Jounin-Chauvin). De même, la question "classique" des relations entre féminisme et syndicalisme a fait l'objet de publications récentes en histoire (Le Brouster, Olmi, George). Sous l'impulsion des évolutions législatives (loi sur la parité en politique et loi Génisson en 2001), la question de l'égalité professionnelle dans le monde du travail a également resurgi et contraint les syndicats à s'en re-saisir. Dans d'autres pays européens, et notamment en Angleterre, en lien avec un champ académique dynamique sur la question des industrial relations, la plupart des organisations syndicales se sont activement saisies des « equality issues », notamment sous l'angle des inégalités salariales et dans une stratégie de re-syndicalisation nommée organizing', largement influencée par les syndicats américains. En France, malgré ce contexte fortement incitatif, les syndicats, y compris ceux qui ont été à l'avant-garde de la prise en charge des revendications féminines, peinent pourtant à porter politiquement ce dossier et à le décliner concrètement en interne et dans le champ de la négociation collective. Ce dossier vise à faire dialoguer des enquêtes sur des stratégies syndicales envers les femmes ancrées dans leur contexte sociétal, et à montrer l'apport d'une sociologie du genre sur les pratiques et organisations syndicales. Il porte principalement sur deux dimensions de la question « genre et syndicalisme » : l'égalité externe au sens d'objet de négociation et de mobilisation collectives et l'égalité interne au sens de place des femmes dans les organisations syndicales
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